Cet article évoque les problèmes internes que connaît le Parti Ouvrier Indépendant (POI), un des partis trotskistes « français » que l’on qualifie de « lambertiste »
Le courant lambertiste
Il s’agit d’un courant trotskiste impulsé par Pierre Boussel, dont le pseudonyme était Pierre Lambert. Même si le surnom « lambertiste » n’est pas reconnu officiellement par les intéressés, il est utilisé dans l’ensemble de la gauche pour qualifier les militants de ce parti.
Cette mouvance est connue pour sa stratégie d’entrisme dans les partis traditionnels. Le problème est que l’essentiel des « infiltrés » finissent par les quitter pour faire leur propre carrière. Les plus connus étant Lionel Jospin, candidat socialiste malheureux à la présidentielle etJean-Christophe Cambadélis, actuel premier secrétaire du PS français.
Si cette mouvance est politiquement modeste (moins de 0.5% à chaque élection présidentielle), elle n’en reste pas très organisée et assez riche. Et manifestement, l’argent fait aussi tourner la tête de certains marxistes. Explications
Le trotsko-lambertisme à l’agonie ?
Ce n’est pas la première fois que le parti « lambertiste » connaît de forts problèmes internes.
Ainsi en 1984, le n°2 de l’organisation Stéphane Just avait été exclu avec 150 autres militants !!!
En 1986, c’est Jean-Christophe Cambadélis qui avait embarqué environ 500 militants au Parti « socialiste » ; anéantissant les « fractions » jeunes et étudiants de la secte Lambert. Qui ne s’en est jamais remise ! Ne dit-on pas de façon moqueuse dans les groupes concurrents de gauche qu’une réunion du POI, c’est désormais le goûter des cheveux blancs.
Mais cette fois-ci, la crise semble plus sérieuse et apparaît comme pouvant être fatale au parti.
En effet, le Camarade Daniel Gluckstein, président à vie débauché de la Ligue Communiste Révolutionnaire (autre groupe trotskiste) et promu il y a 35 ans par Lambert (décédé entretemps) à la fureur muette des vétérans soumis, vient d’être mis en minorité ! Un tiers seulement de ses quelque 4 000 adeptes soutient son opposition au virage « trade-unioniste » voulu par la majorité – c’est-à-dire l’adaptation étroite à la seule réussite du lambertisme, le noyautage, « l’entrisme » dans les syndicats, Force ouvrière en particulier.
Le conflit bureaucratique est violent, comme toujours dans la secte. Et il pourrait bien déboucher sur une scission massive… à l’échelle sectaire.
Les trotskistes dégénérés s’empoignent autour du saint Fric !
La crise n’en est pas resté au seul volet idéologique…On apprend maintenant que Gluckstein et ses alliés politiques (l’historien Jean-Jacques Marie, Gérard Schivardi…) ont été vidés de leurs bureaux du « 87 » (rue du Faubourg-Saint-Denis), les serrures en ayant été changées. Vidés aussi de l’hebdomadaire de la secte, « Informations ouvrières ».
Mais leur vengeance est terrible. Ils ont lancé un hebdo concurrent, « La Tribune des Travailleurs ». Et surtout, ils sont parvenus à « s’emparer des fonds du parti », accuse un document interne du POI., la « Lettre de liaison du Bureau national » du 15 septembre 2015 (dont nous disposons d’une copie : comme quoi on ne peut vraiment se fier à personne…).
Riposte de la clique Gluckstein dès le lendemain. « Madame, Monsieur… » commence la lettre aux ci-devant camarades. Oui, la minorité s’est mise d’accord avec la « Banque populaire, Rives de Paris, 10e » pour bloquer les fonds du POI. Sympa tout de même, elle a fait honorer deux chèques de la minorité, de 17 963,40 € et 4 346,36 €. Pour finir, des menaces d’ « actions en justice pour diffamation (…) sous réserve d’autres suites sur un autre plan. » À coups de piolet ? (Trotski avait été assassiné avec cet engin…).
Trente-cinq ans après que Lambert ait imposé le transfuge de la LCR Gluckstein à sa vieille garde, celle-ci prend enfin sa revanche, au bord de la tombe. Messieurs les Camarades Daniel Shapira et Jean-Marc Gauquelin sont à la tête de la majorité qui vient enfin de dégommer l’usurpateur. « Pour la démocratie », tout ça, bien sûr…
Cet article s’inspire en grosse partie d’un article écrit par Patrick Gofman,
auteur d’un livre, « Le Trotskisme dégénéré ». 18 € sur papier aux éditions Synthèse nationale. 3,92 € en e-book « Kindle » @amazon.fr

Entête de la fameuse note interne dont nous parlons plus haut !
Filed under: Général | 1 Comment »
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.